Un été chaud et sec pour une fin de cycle contrastée

Un été chaud et sec pour une fin de cycle contrastée

Notre point de saison de la mi-juin parlait d’un millésime « sous le signe de la chaleur ». Un fait largement vérifié tout au long du mois de juillet et en encore aujourd’hui.

La France entière a connu plusieurs vagues de chaleur depuis la mi-juin (3 vagues, et une quatrième est en cours). La région sud n’a pas forcément décroché les records de températures (plus de 42 °C enregistrés à Nantes ou Biscarosse par exemple), en revanche la durée et la moyenne de températures dans la zone méditerranéenne est très caractéristique. Sur l’Hérault par exemple les températures moyennes sur juillet ont dépassé de 0,9 à 3°C les moyennes entre 2011-2020 !

DE LEGITIMES INQUIETUDES SUR LE PROFIL DE LA VENDANGE

Nous étions plutôt enthousiastes en ce début de saison : l’année était certes précoce et elle a resserré les travaux au vignoble en mai, mais les températures douces, l’absence de gel, la bonne recharge hydrique des sols (au moins sur l’est du bassin, moins en Vallée du Rhône) ont permis de beaux développements des végétations, une floraison plutôt régulière. Bref, tout cela augurait d’une belle récolte.

A la veille des vendanges, ces prévisions sont à tempérer, tant le stress hydrique des dernières semaines, couplé à un réel stress thermique, ont modifié le profil du millésime. Au vignoble depuis début août on observe fréquemment des feuilles qui sèchent dans la zone des grappes, voire du flétrissement ou de l’échaudage de baies  :

Défoliations sur grenache noir – Terrasses du Larzac

L’irrigation revient au premier plan, et elle devient un vrai enjeu pour maintenir demain la culture de la vigne dans nos régions (on ne parle plus d’augmentation de rendement, mais bien de pérennité du végétal). En permettant davantage de transpiration, les vignes irriguées régulent mieux la température de leurs feuilles, et limitent les stress thermiques dans la zone fructifère. Dans les sols peu profonds l’irrigation a été le seul moyen pour la vigne de maintenir son activité photosynthétique et de mener à bien la véraison. En zone non irriguée, travaux en vert soignés, limitation de la charge ont permis de limiter la contrainte, mais sans être toujours suffisants.

La figure ci-dessous illustre le comportement d’une parcelle irriguée assez tôt, et jusqu’à véraison (parcelle que nous accompagnons en suivi hydrique avec la modélisation du potentiel hydrique Vintel et des mesures de chambres à pression). Ces apports ayant démarré en juin après floraison ont ainsi permis de maintenir le végétal dans la zone « verte » qui représente une contrainte modérée selon l’objectif de production visé

UNE VENDANGE PRÉCOCE, MAIS EN DEUX TEMPS?

Aujourd’hui les cépages précoces (sauvignon, chardonnay, pinot, merlot, syrah,…) ont véré dès la première quinzaine de juillet : leurs baies sont restées souvent petites (hors irrigation ou sol profonds), et sur ces variétés on confirme une vendange précoce. Certains sont déjà en cave !

Sur les cépage plus tardifs en revanche, la véraison est plus poussive (grenache, cabernet-sauvignon), avec localement des blocages de maturité : il faudra peut être s’armer de patience après la première vague de récolte, pour attendre les plus tardifs…

Le suivi des maturités va devoir être serré cette année : elles évoluent vite donc selon les cépages (sur les précoces on dépasse largement le théorique « un degré par semaine »).

Dans tous les cas, préparation des caves et réactivité sont à mettre en œuvre dès à présent…