Un nouveau départ

Un nouveau départ

UN CONTEXTE METEO PEU FAVORABLE

Le gel des 7 et surtout 8 avril a marqué les esprits. La météo qui a suivi a été tout aussi notable, avec un mois d’avril particulièrement frais (le thermomètre a de nouveau frôlé les 0°C autour des 12 et 13 avril). Dans l’Hérault par exemple l’écart à la moyenne des températures en avril varie entre -0,5°C à -2,4°C. Et le mois de mai suit pour le moment une courbe assez proche, les maximales journalières dépassant rarement les 20°C.

Relevés thermiques Station Laboratoire Natoli – Puissalicon

La pluviométrie a été plus favorable : les mois d’avril et de mai ont vu se succéder des épisodes pluvieux ayant limité le déficit automne/hiver de la recharge hydrique des sols. Les modélisations montraient en effet sur certains secteurs, notamment ouest Languedoc, des débuts de déficit au débourrement fin mars ; ils ont été en partie compensés.

Relevés de pluviométrie Station Laboratoire Natoli – Puissalicon

Sur le Vaucluse, les pluies de début mai ont été plus marquées, on dépasse souvent les 100mm en cumul sur la première quinzaine.
Mais sur tous secteurs, on voit bien l’absence de pluies d’automne en 2020 (c’est très net par rapport à 2018 et 2019) : les pluviométries estivales seront déterminantes pour le profil du millésime, surtout en contexte non irrigué.

SUR LES VIGNES GELEES, UN REDEMARRAGE TRES LENT

Il a fallu souvent attendre plus d’un mois pour commencer à voir poindre les premières repousses ; elles se font encore attendre dans certains cas. C’est lié à l’intensité du gel sur certaines zones, à l’effet cépage également (les grenaches sont concernés), et enfin au contexte thermique peu favorable à un redémarrage rapide du végétal.

Exemple d’un grenache sévèrement gelé et d’une reprise de végétation (photo Natoli)

Sur certains cépages « à gourmands » le redémarrage est touffu autour des coursons gelés (merlot, muscat, viognier,…), souvent sans grappes. Sur d’autres les nouvelles pousses sont moins nombreuses mais peuvent parfois porter des grappes (carignan, merlot).

Il est difficile aujourd’hui d’évaluer le rattrapage de production sur les repousses, tant les situations sont diverses, et ces repousses encore peu développées. Mais on peut déjà affirmer que le gel aura des conséquences importantes sur les architectures des souches, avec un travail soigné à la taille l’an prochain. Ce sera le cas sur les plantiers (troncs gelés à reformer sur les 3èmes feuilles, bras de Royat établis en 4ème feuille à refaire). Et même certaines vieilles souches aux bras dégarnis par le gel seront à recéper à partir de gourmands. Les vignes en non-taille ou en taille mécanique ont souvent un redémarrage plus harmonieux et fructifère grâce au un grand nombre de bourgeons potentiels. On peut enfin espérer un choix plus facile sur les tailles Guyot, en repartant des têtes sur lesquelles on voit déjà de nouvelles pousses.

AILLEURS, UN DEVELOPPEMENT CONTRAINT MAIS DE BELLES SORTIES

Le gel focalise l’attention de ce début de saison, mais nos observations sur les secteurs non gelés sont plutôt encourageantes.
Le débourrement a été précoce (fin mars souvent), et même avec une croissance ralentie par les températures fraîches de mars-avril, on voit depuis quelques jours les premières fleurs :

Chardonnay en fleur – moyenne Vallée de l’Hérault (photo Natoli)

Les sorties sont globalement régulières, et plutôt bonnes (c’est net sur le cépage syrah notamment) : on confirme une bonne initiation florale en 2020 (profil températures/pluies du printemps favorable à la physiologie de la vigne).
Le développement végétatif a en revanche souffert de la météo du printemps : sols secs jusqu’à la mi-avril, et sols froids. Ces 2 facteurs ont entraîné une lente reprise du système racinaire et une minéralisation (de l’azote notamment) tout aussi limitée. On a souvent vu aux premiers stades des végétations pâles, voire chlorosées, un étalement ralenti des feuilles, et un développement buissonnant. Il a fallu parfois procéder à des soutiens foliaires.

Vigne chlorosée – secteur Pezenas (photo Natoli)

Le réchauffement annoncé pour la période de la floraison qui approche est donc largement bienvenu.
Au delà de l’observation régulière et attentive des parcelles, les premiers résultats des analyses pétiolaires pré-floraison et les suivis hydriques vont également nous aider à anticiper la suite de ce millésime si particulier.