Actu au vignoble : des vignes bien portantes, mais une santé sous observation.

Actu au vignoble : des vignes bien portantes, mais une santé sous observation.

Un printemps perturbé…

Il y a un peu plus d’un mois, nous parlions dans notre actualité vignoble d’une météo très favorable au démarrage de la vigne, mais nous nourrissions déjà quelques inquiétudes quant à la situation phytosanitaire…

Inquiétudes fondées au vu de l’évolution des dernières semaines. La pluviométrie a d’une part continué à être abondante, et atypique pour la période, avec de fortes précipitations du 10 au 15 mai. Ainsi les cumuls sur le mois de mai varient de 50 à 150mm selon les secteurs (avec un gradient croissant de la Vallée du Rhône vers l’ouest Languedoc). Certains secteurs de l’ouest Hérault (Minervois notamment) ont cumulé du 13 avril au 15 mai plus de 200mm : un équinoxe printanier…

précipitations (mm) – station de Puissalicon(34) au 15 juin 2020

La suite du mois de mai a été sèche (et chaude), mais de nouveau la 1ère quinzaine de juin est très perturbée, avec reprise de pluies orageuses (accompagnées localement de grêle).

D’autres part, les températures du mois de mai ont été particulièrement douces, voire chaudes, avec des températures moyennes pouvant aller jusqu’à +2°C par rapport à la normale. A la fin mai, des températures estivales de 30°C ont été atteintes. Cet avant-goût d’été a été vite corrigé début juin : la 1ère quinzaine orageuse s’est accompagnée de températures plus fraîches et plutôt en dessous des autres millésimes au 15 juin :

températures moyennes – station de Puissalicon(34) au 15 juin 2020

…propice au mildiou…

Nous avions découvert « à grande échelle » le mildiou en 2018. Il revient en force en 2020, avec comme en 2018 une pluviométrie régulière, et des cumuls souvent supérieurs à 20mm par épisode (pluies « lessivantes » en agriculture biologique). Les conséquences sont maintenant bien connues : difficulté pour ré-entrer dans les parcelles pour recouvrir les feuillages (en bio), fragilisation des fins  de cadence en conventionnel obligeant à resserrer les dates de traitement (à condition là encore que les sols portent).

Si la pression avait probablement mieux été anticipée cette année, les 1ères taches sur feuilles sont apparues autour du 20 mai ; et quelques jours après les faciès de rot gris sur les grappes déjà nouées. C’est l’une des grandes différences par rapport à 2018 : l’avance des stades phénologique a fait coïncider la phase épidémique du champignon avec la post-floraison (en 2018, attaque « destructrice » sur grappes en pré-floraison et floraison).

rot gris sur grappe – grenache noir taille de plomb

La sensibilité des grappes va aller maintenant en diminuant, sur beaucoup de secteurs le stade petit pois approche ; mais les derniers orages (11 et 13 juin) incitent encore à la prudence. Il faut maintenir une protection sans faille (jusqu’à fermeture de grappe ; voire véraison sur les parcelles dont les grappes sont touchées).

Au-delà du renouvellement des traitements, tous les gestes préventifs ont cette année encore plus d’importance : nettoyage des pampres, relevage des végétations pour bien exposer les grappes, élimination des enherbements sous le rang…. Opérations souvent difficiles à mener de front tant la croissance végétative a été rapide fin mai.

mais aussi très favorable pour la vigne.

Parce que la lutte phytosanitaire n’est qu’un aspect de la conduite de la vigne, il ne faut pas oublier que les conditions particulières de ce printemps sont très satisfaisantes pour la croissance végétative de la vigne. Après un hiver et un printemps où les sols se sont réchauffés rapidement, les pluies à partir de la mi-avril ont idéalement accompagné la période de pré-floraison, avec une bonne minéralisation des éléments minéraux. Les contrôles pétiolaires, notamment sur l’azote, sont ainsi encourageants.

Les conditions de préfloraison puis de floraison (durant la 2ème quinzaine de mai sèche et chaude) ont été favorables : on observe globalement peu de coulure .On devrait en observer davantage sur les cépages ou secteurs tardifs ayant fleuri début juin. La taille des grappes et des baies est également « remarquable » dans cette phase herbacée Et les végétations font oublier les maigres développements de 2019 : les feuillages sont denses, poussants, et il a fallu procéder aux 1ers écimages dès la fin mai…

La vigilance reste donc, bien sûr, de mise. Mais pour le moment le cycle se poursuit sans souffrance du végétal.

Il reste un peu plus de 2 mois avant une vendange qui s’annonce, quoiqu’il arrive, précoce…