07 Juin A mi-parcours, chaleur et précocité
UNE PREMIERE PARTIE DE CYCLE « FULGURANTE »
Le démarrage plutôt tardif des végétations début mai est un lointain souvenir. L’enchaînement des stades phénologiques et le développement végétatif ont été très rapides : la floraison a démarré mi-mai et s’est achevée en quelques jours. Aujourd’hui les chardonnays approchent déjà la fermeture de grappe (voir photo ci-contre, chardonnay de la Vallée de l’Hérault), et les premières syrahs sont palissées et écimées…
En cause, les réserves hydriques correctes à très confortables selon les secteurs (nous en avions parlé dans notre point de début de saison), mais surtout un mois de mai très chaud (le plus chaud jamais mesuré en France, de +2,7°C par rapport aux moyennes 1981-2010) : les températures ont fréquemment frôlé, voire dépassé, les 30°C les après-midi. Cet avant goût d’été a ainsi eu un très net impact sur la phénologie de la vigne, et aujourd’hui on compte une bonne quinzaine de jours par rapport à 2021. Les vignes sont vertes, poussent harmonieusement pour le moment grâce à ces températures qui ont fait exploser le végétal.
OIDIUM ET VERS DE GRAPPE SOUS SURVEILLANCE
Cette douceur a également eu des conséquences sur le plan sanitaire. Si l’absence de pluie rend le mildiou très anecdotique pour le moment, et si les taches de black rot de début de saison se sont cantonnées aux feuilles, l’oïdium a trouvé des conditions de développement particulièrement favorables. Des températures chaudes, des ciels souvent voilés et lumineux, et quelques matinées brumeuses ont créé une forte pression au vignoble dès avant floraison : on a vu des attaques marquées sur tous les organes sur les carignans (dont inflorescence avant floraison) Aujourd’hui les premiers signes sur baies nouées apparaissent. La vigilance reste de mise jusqu’à fermeture de grappe au moins, les poudrages restant une arme très utile dans cette lutte.
drapeau sur carignan (début mai) et oïdium sur baies (début juin) – Ouest Hérault
L’eudemis est le second « invité » de ce millésime : la météo semble avoir été propice aux vols et aux rencontres des papillons : les glomérules de 1ère génération ont été nombreux au vignoble, sur zones non confusées mais également parfois sur zones confusées. Les suivis de la 2ème puis 3ème génération seront capitaux pour assurer des maturités sans contraintes.
La Cryptoblabes « vole » également de manière très intense d’après les premiers piégeages, il va falloir intégrer ce parasite dans la lutte estivale contre les vers de grappe.
DES EQUILIBRES A AFFINER
Aujourd’hui la floraison s’achève : si l’on peut observer localement de la coulure (notamment sur des grenaches jeunes trop chargés, sur de nouvelles baguettes formées après le gel par exemple), les charges restent plutôt confortables, voire généreuses dans certains cas. Il va falloir d’ici quelques semaines se pencher sur les équilibres : la réserve hydrique va être le point clé de la suite de la saison. On peut légitimement s’attendre à des contraintes marquées sur la vallée du Rhône, sur certains terroirs drainants et non irrigués,…
En vigne irriguée, nos suivis hydriques commencent à montrer un infléchissement des courbes vers davantage de contrainte, et le début des irrigations a ou va commencer sur secteurs IGP. Certaines appellations ont par ailleurs déjà donné l’autorisation d’irriguer (à ce jour par exemple Châteauneuf-du-Pape, Lirac, Coteaux d’Aix en Provence).
En zone non irriguée, la notion de rapport feuille/fruit est à prendre en compte, avec le retour nécessaire de la pratique de la vendange en vert dans certains cas. Et il faudra particulièrement soigner les alimentations potassiques pour faire mûrir ces charges (les premiers signes de carence apparaissent au vignoble). A chaque vigne ses problématiques et ses objectifs…
Ce bilan à mi-parcours reste encourageant, mais la période estivale est dans nos régions souvent décisive. Les vendanges seront là dans 3 mois…