Une vendange précoce, comme prévu

Une vendange précoce, comme prévu

Un début de cueillette au cœur de l’été

La mi-septembre approche, et sur beaucoup de secteurs plus de la moitié des volumes est déjà en cave (vendange achevée même parfois) : la précocité annoncée du millésime en Languedoc a tenu ses promesses, avec des premiers raisins parfois rentrés avant le 15 aout (muscats secs, sauvignons frais), puis de manière plus soutenue à partir du 17 août.

Les premiers blancs et rosés achèvent ainsi leur fermentation, avec quelques points marquants : les rendements sont au rendez-vous, avec de plus des baies très juteuses (on a fréquemment plus de 80 % des jus récupérés à l’égouttage des pressoirs), de bonnes réserves d’acidité (les pH sont assez bas avec de bonnes teneurs en acide malique), et de beaux éclats aromatiques. Les notes thiolées sur les sauvignons, grenaches et syrahs rosés témoignent de la bonne préservation des précurseurs aromatiques en août. Les teneurs en azote assimilable plutôt élevées (avec quelques records à plus de 500mg/l!) assurent par ailleurs des fermentations régulières, en limitant les notes de réduction.

Des états sanitaires à surveiller

Le mois d’août a été marqué par 2 périodes orageuses, le 12 août (10 à 30mm selon les secteurs) et surtout les 28 et 29 août (40 à 60mm selon les zones). Les périodes d’entrées maritimes se sont succédées, ponctuées par des journées de vent du nord assez limitées. Il a donc fallu rester très vigilant sur les états sanitaires : l’oïdium a parfois accéléré les dates de récolte sur les chardonnay. Mais ce sont surtout les vers de grappes qui retiendront notre attention cette année : l’eudemis tout d’abord, avec en fin de rémanence des traitements de fin août, ou même sur des secteurs confusés, quelques perforations ayant souvent entraîné le développement d’aspergillus (plus que de botrytis). Cette pression a concerné des zones jusqu’à présent épargnées, comme le Pic St Loup.

La « nouvelle tordeuse » Cryptoblabes gnidiella est par ailleurs très inquiétante : on la trouvait jusqu’à présent sur les zones « littorales » (Costières de Nîmes, pourtour de Montpellier, bassin de Thau, jusqu’aux Pyrénées Orientales). Cette année on l’a fréquemment observée sur ces mêmes zones (Méjanelle, St Georges d’Orques, zone de Picpoul nous concernant), mais également plus en altitude vers les coteaux, et cela semble nouveau. Des observations ont ainsi été faites autour de Puissalicon dans les Côtes de Thongue et même dans le Faugérois (voir ci-dessous une image sur un viognier de Cabrerolles, video Gwenael Thomas) :

Les dégâts de cette tordeuse sont très graves, la totalité de la grappe étant « momifiée » : la seule alternative en cas d’attaque tardive est la récolte rapide, les traitements curatifs (en dehors des problématiques de délais avant récolte) étant peu efficaces sur ces chenilles très mobiles, qui se réfugient au cœur des grappes. Il faudra faire la synthèse cet hiver mais c’est manifestement un nouveau ravageur avec lequel il va falloir compter.

Et maintenant les rouges

Quelques syrahs précoces, les pinots, avaient été vendangés avant les pluies du 28 août, mais pour la majorité des 1ers rouges (syrah et merlot) il a fallu attendre quelques jours après ces pluies pour éviter les dilutions et retrouver les matières. Si les pellicules et les pépins ont pu bien mûrir, les concentrations en sucres semblent plus limitées cette année sur les raisins rouges rentrés. Mais sans que la dégustation en soit déséquilibrée, au contraire les notes fraiches, florales, épicées sont là. Et les matières semblent bien se mettre en place après quelques jours de cuvaison.

Côté volumes, les rendements seront plus hétérogènes sur les rouges : l’ouest Hérault (St Chinianais notamment), le Pic St Loup, le piémont cévenol ont des baies moins juteuses. La Vallée de l’Hérault, les Terrasses du Larzac retrouvent de beaux rendements cette année.

Les cépages plus tardifs commencent doucement à rentrer : les carignans se dégustent plutôt bien sur souche, tandis que les grenaches gardent comme souvent des peaux encore épaisses. Sur certaines parcelles vigoureuses de grenache, les grains ont vraiment profité des pluies, c’est le cas des mourvèdres aussi. Il va falloir sur ces tardifs faire un compromis entre maturité et contraintes météo, l’approche de la fin septembre créant toujours une incertitude dans nos régions…

Nous referons un point dans quelques jours sur le sud de la Vallée du Rhône, où les vendanges sont à ce jour logiquement moins avancées.