Une floraison difficile

Une floraison difficile

UN PHENOMENE GENERAL EN VIGNOBLE MERIDIONAL

Depuis le début du mois de juin, les observations d’une coulure parfois très marquée remontent sur une grande parte du vignoble (Languedoc comme Vallée du Rhône), sur le cépage grenache principalement, mais pas seulement.

Provenant d’une fleur mal ou non fécondée, ce phénomène se caractérise par des grappes peu garnies,parfois manquantes, entraînant une perte de production. Il s’agit de la chute d’un nombre anormalement élevé de fleurs par rapport au taux de coulure « naturelle ». Cette perte de fleurs est due à un fonctionnement d’une zone d’abscission à la base du pédicelle de la fleur dans laquelle l’éthylène joue un rôle.

DES CONDITIONS CLIMATIQUES FAVORABLES A LA COULURE

On se souvient d’un phénomène comparable lors du millésime 2013. Pour cette année on peut remonter le fil depuis le débourrement :

  • après le gel du 8 avril, les températures sont restées particulièrement fraîches. En avril mais surtout en mai (pour l’Hérault par exemple : écart par rapport à la moyenne de -0,5°C à -1,7 °C et 6,8°C relevés sur notre station météo de Puissalicon le 12 mai).

Or cette période de pré-floraison est cruciale : la formation des sacs embryonnaires dans les ovules a lieu 2 à 3 semaines avant la floraison. Cette synthèse est perturbée par des températures inférieures à 15°C, et par des carences azotées.

Et c’est également le moment où la vigne passe de l’hétérotrophie (développement de début de saison sur ses réserves) à l’autotrophie (utilisation des glucides issus de la photosynthèse).

On comprend alors combien le mois de mai était défavorable : températures moyennes très fraîches, sols froids qui ont limité la minéralisation de l’azote, le fonctionnement racinaire, et le métabolisme général de la vigne. Ce que l’on a bien observé sur le terrain, avec des vignes très peu poussantes aux feuillages pâles.

  • Le deuxième facteur est la brusque reprise de la croissance végétative au tout début ou quelques jours avant la floraison. Des températures de plus de 30°C ont été enregistrée à partir du 29 mai, et la première quinzaine de juin a été ensuite particulièrement estivale. Par conséquent, les sucres sont envoyés vers l’appareil végétatif au détriment des grappes et engendrent une concurrence, provoquant des défauts de fécondation.

On peut donc retenir ces 2 facteurs notables de coulure cette année, qui ont conduit aux observations de cette fin floraison. Même si les conditions proprement dites pendant la floraison étaient plutôt favorables : un 3ème facteur de coulure est en effet une météo humide et pluvieuse pendant la floraison, qui rend difficile l’expulsion des capuchons floraux et en suivant la pollinisation.

A cette coulure dite « climatique » peut s’ajouter une coulure d’origine génétique, plus connue car inhérente aux cépages comme le grenache (voir encadré ci-contre). Ce qui a pu accentuer le phénomène sur ce cépage.