Un millésime sous le signe de la fraîcheur en Vallée du Rhône sud

Un millésime sous le signe de la fraîcheur en Vallée du Rhône sud

PENDANT LA MATURATION, UNE METEO SÈCHE ET RAISONNABLEMENT CHAUDE

Les régions méditerranéennes ont bénéficié d’un printemps plutôt arrosé cette année, en vallée du Rhône comme en Languedoc. Des accidents climatiques assez intenses ont concerné les Côtes du Rhône gardoises au printemps : gel les 25 et 26 mars (avec neige le 26 mars) dans la vallée de la Cèze (descendu jusqu’en bord de Vidourle plus au sud) ; et grêle localisée mais très intense le 29 mai sur Lirac, St Laurent des arbres, St Geniès de Comolet.

L’été a été chaud sans pic caniculaire, et les pluies rares (plus modérées qu’en Languedoc fin août (19 mm à Carpentras, 24 mm Orange les 28-29 août). 

Maintien de températures élevées jusqu’à mi-septembre, ayant entraîné des phénomènes de concentration et de stress hydrique sur certains terroirs (Plan de Dieu notamment). Dans les autres cas, l’absence de canicule a permis une maturation progressive et plutôt aboutie, notamment sur grenache. La crainte avant récolte était le maintien des pellicules très épaisses. Le résultat après vinification est plutôt rassurant.

DES VENDANGES PRÉCOCES, MAIS ÉTALÉES …

Les premières vendanges ont été précoces sur blancs et rosés notamment, de la mi-août pour les Côtes du Rhône gardoises à début septembre pour les zones tardives. On retient environ 7 voire 10 jours d’avance pour le début des vendanges. Mais elles se sont ensuite étalées pour attendre la maturité des rouges : le grenache a cette année encore fait parler son hétérogénéité « intra-grappe ». Ceci pourrait expliquer la perception de fraîcheur sur ces grenaches, malgré des TAV moyens parfois élevés. 

La dernière décade de septembre a été plus perturbée, avec des cumuls de pluie approchant les 100 mm après le 20 : la cueillette des derniers raisins a souvent été accélérée, avec des degrés plus modérés sur les grenaches tardifs. Les derniers raisins sont ainsi rentrés début octobre sur le secteur nord et est Ventoux, Lubéron, Gigondas, Châteauneuf-du-pape.

Le niveau de récolte est globalement dans la fourchette haute par rapport aux dernières années, hormis les zones touchées par les accidents climatiques évoqués. C’est le cas sur Châteauneuf,  le Comtat Venaissin, l’ouest des Dentelles.  Les raisins à grosses baies ont assuré un très bon rendement en jus, notamment cinsault, grenache, mourvèdre, vermentino. 

DES VINS EN (BEL) ÉQUILIBRE

En cave, les fermentations se sont plutôt mieux déroulées cette année, malgré quelques situations plus languissantes (raisins vendangés aux heures chaudes mi-septembre, grenaches à fort degré). Comme dans le Languedoc, les peaux épaisses du grenache rendaient nécessaires le foulage et les délestages afin de limiter les relargages de sucres en fin de macération.

Les vins s’orientent vers des profils moins puissants qu’en 2019, avec beaucoup d’élégance et de fraîcheur, et des nez très aromatiques. Ceci est particulièrement vrai pour les grenaches, malgré les craintes avant récolte ; on a la même tendance pour la couleur de ce cépage, que l’on craignait instable, mais qui semble finalement plus affirmée et violine cette année.

La particularité est la production de vins presque aboutis très tôt dans la vinification. Cela se confirme après décuvage, notamment sur syrah et mourvèdre, cépages plus austères en cette période d’habitude.

Adeline BAUVARD, Erwan GUEVEL et Jean NATOLI, et l’équipe de DIŒNOS Orange.

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