Une saison à deux vitesses

Une saison à deux vitesses

UN PRINTEMPS À LA MÉTÉO IRRÉGULIÈRE MAIS PORTEUSE

Mars a été caractérisé par des températures inférieures aux moyennes des dernières années, retardant le débourrement. Sur les cépages précoces (chardonnay, grenache blanc), les premières pointes vertes n’ont été observées que fin mars, contre mi-mars sur une année moyenne. On comptait 8 à 10 jours de retard par rapport à 2024, et le débourrement s’est généralisé autour du 5 au 10 avril.

En avril, on a observé un retour progressif à des températures plus proches des normales, assez douces, favorisant une dynamique de croissance marquée. La pluviométrie est très variable selon les secteurs, mais ponctuellement significative (orages localisés).

En mai, l’alternance entre chaleur modérée et épisodes pluvieux (variables de 50 à 80 mm, voire plus) sur la première quinzaine a fait durer le stade boutons floraux séparés, avec une croissance modérée des végétations.

Les diagrammes ci-dessous illustrent cette tendance : 

 

PUIS UNE ACCÉLÉRATION AUTOUR DE LA FLORAISON

Le net réchauffement des températures à partir de la mi-mai (avec un pic à 33°C le jeudi 29) a vraiment « débloqué » les végétations : très poussantes, verdoyantes, profitant à plein de la bonne réserve hydrique des sols. Ces conditions étaient également plutôt favorables à la floraison, même s’il est encore un peu tôt pour donner de grandes tendances. On peut espérer notamment sur grenache une meilleure floraison qu’en 2024, à suivre !  

 

DES CONDITIONS FAVORABLES, POUR LES CHAMPIGNONS AUSSI…

Mildiou sur grenache – piémont cévennol

Les conditions météorologiques ont été propices au développement du mildiou avec l’enchainement des pluies chaque semaine à partir de la mi-avril. Des contaminations primaires ont été observées dès la mi-avril, notamment dans les zones à forte hygrométrie. Les modèles prévisionnels ont indiqué un risque élevé de développement, nécessitant des interventions phytosanitaires adaptées.

Les premières taches primaires ont été observées à partir du 20 avril dans plusieurs secteurs précoces (Coteaux de Béziers, Terrasses du Larzac) suite aux pluies d’activation du 13-14 avril. Fin mai, des symptômes secondaires étaient signalés de manière éparse, principalement sur feuille, et dans des parcelles à historique sensible ou avec une protection phytosanitaire tardive.
Les conditions de la dernière décade d’avril (pluies + températures douces) ont généré un risque épidémique accru, entretenu par les pluies de la première quinzaine de mai.

La situation au vignoble reste aujourd’hui à surveiller, avec régulièrement des taches éparses sur feuilles, et localement (biterrois, vallée de l’Hérault, piémont cévenol) des inflorescences touchées.

 

Excoriose sur jeune rameau

Le black rot a souvent inquiété en début de saison, notamment chez les vignerons bio, avec des taches sur feuilles. Mais peu de repiquages à date, le mildiou semble avoir pris le relai…

L’excoriose a été l’autre fait marquant du début de saison, avec des symptômes marqués sur feuilles, surtout sur jeunes rameaux. Il faudra s’en souvenir au printemps prochain !

Enfin, l’oïdium reste en embuscade : premiers foyers « drapeaux » identifiés carignans début mai. Aujourd’hui, peu d’apparition sur grappes, mais les températures comprises entre 20 et 25°C fin mai, combinées à une forte humidité relative, rendent les conditions favorables à une montée en pression : le temps des poudrages est venu…

 

AU VIGNOBLE, UN DÉBUT DE SAISON BIEN REMPLI

L’humidité persistante en mai a compliqué les fenêtres d’intervention pour les traitements, notamment en viticulture biologique. La stratégie préventive reste essentielle, et les renouvellements ont été réguliers. En culture conventionnelle, il a souvent fallu resserrer les cadences.

La priorisation des traitements et l’humidité persistante des sols ont, comme au printemps 2024, retardé le travail du sol et le nettoyage des parcelles, avec un enherbement important constaté dans certaines vignes jeunes.

La (relative) accalmie météo et le beau temps espéré pour ce mois de juin devraient permettre une mise à jour des travaux. Il reste encore beaucoup à faire bien sûr, notamment pour maintenir les états sanitaires. Les prochaines interventions seront essentielles pour préserver le potentiel qualitatif et quantitatif de la récolte 2025. 

Mais après plusieurs années d’aléas climatiques, la nature semble « revivre » cette année, et le vignoble aussi !