Une maturation sous un climat très méditerranéen 

Une maturation sous un climat très méditerranéen 

Après la canicule …

Cette canicule précoce de la fin du mois de juin est dernière nous : elle a localement occasionné des dégâts sévères d’échaudage avec perte de récolte. Nous avons désormais plus de recul sur l’ampleur du phénomène, avec sur la zone centre-est de l’Hérault et le sud du Gard des températures qui ont dépassé les 44°C, au-delà des records de 2003. Le niveau de Vigilance météorologique rouge a été déclenché pour la 1ère fois par Météo France.
Même si de nouveaux feuillages sont repartis sur les entre-cœurs étonnamment vite (malgré le manque d’eau), les grappes touchées sont restées sèches, et certains grains partiellement séchés ont fini par éclater.

La 2ème vague de canicule des 22-25 juillet a plutôt épargné la zone sud (une fois n’est pas coutume…), mais les températures sont restées très chaudes sur le mois de juillet (écart à la moyenne sur 10 ans de 1,5 à 2°C en moyenne sur l’Hérault). La chaleur a été plus forte encore sur le Gard et la Vallée du Rhône (sur Carpentras, écart à la moyenne de 2 à 4°C sur le mois de juillet, avec un gros épisode de chaleur début juillet).
Le mois d’août s’annonce pour le moment plus conforme aux normales, ce qui reste synonyme de températures supérieures à 30°C l’après-midi en zone méditerranéenne …

… un déficit de pluie inquiétant

L’autre point clé du climat est la pluviométrie, et elle fait largement défaut : les pluies ont été déficitaires en juin en Languedoc et Vallée du Rhône (hormis quelques zones des Hauts Coteaux et du Minervois en Languedoc) ; quelques orages début puis fin juillet ont atténué la tendance, mais à quelque exceptions près le déficit reste extrêmement marqué.
Les premiers signes de stress hydriques sont ainsi arrivés très tôt et très vite au vignoble sur les vignes non irriguées : dès le début juillet l’arrêt de croissance se profilait sur les jeunes vignes, les zones maigres, les hauts de parcelles, … L’assèchement des sols se confirme maintenant, avec installation d’une contrainte hydrique plus générale. Les suivis du syndicat de la Vallée du Rhône indiquent ainsi l’installation de la contrainte une semaine plus tôt cette année, mais avec des vignes dont le stade phénologique est en retard d’une semaine. En Languedoc, le retard est de 8 à 10 jours sur carignan à début véraison.

Le chemin vers la maturité sera donc encore long ; on l’a vu à la véraison très étalée (et loin d’être achevée, voire même en train de débuter. Sur les vignes irriguées, en IGP ou zone AOP avec autorisation, le recours à l’irrigation jusqu’à la date réglementaire du 15 août sera de mise. Ailleurs, la gestion des charges est à raisonner (éviter les excès de raisins sur jeunes vignes notamment).
Il est évidemment encore trop tôt pour se prononcer sur les équilibres finaux, mais on peut déjà anticiper quelques grandes lignes (baies petites à peaux épaisses et fort potentiel tannique, faible rendement en jus sur blancs et rosés, …).

Perspectives de volume

Côté prévisions de récolte, les statistiques du ministère de l’agriculture font état d’une estimation de production nationale au 12 juillet (source Agreste) de 42 à 46 MhL, soit une baisse de -13 à -6 % : dans les vignobles du nord c’est surtout la coulure et le millerandage (avec quelques zones de gel) qui ont un impact sur la récolte. Dans la Vallée du Rhône la coulure sur grenache est également bien là, mais c’est surtout le facteur hydrique qui sera déterminant dans la grande zone sud.

 Il reste donc quelques semaines pour assurer le suivi des maturités, gérer les derniers traitements et gestes en vert. Et nous allons ensemble d’ici là réfléchir et travailler à la mise en forme des vinifications.