Actu au vignoble : Un bel été tant attendu !

Vue des vignes de Tain-l'Hermitage

Actu au vignoble : Un bel été tant attendu !

Après un printemps éprouvant, la mise au beau depuis mi-juin apporte un répit bienvenu.

 

Les conditions climatiques habituelles du Languedoc ont forgé des habitudes de protection phytosanitaire que ce millésime aura complètement déstabilisé. Le mildiou se révèle donc être tenace, destructeur et fait réfléchir à plus d’un titre.

D’abord en terme de perspective climatique. Les prévisions du GIEC (Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) annoncent depuis longtemps à l’échelle de notre région une élévation des températures moyennes. Elles sont observées dans les relevés climatologiques. Elles sont également mesurées au niveau des indices bioclimatiques propres à la viticulture : l’indice de Huglin et l’indice de fraîcheur des nuits, sans compter la date de récolte (qui n’est pas à proprement parler un indice, mais qui est bien révélatrice de l’enjeu de réchauffement auquel nous sommes confrontés). Les prévisions du GIEC ne pressentent pas en revanche d’augmentation ou de diminution de la pluviométrie. Il nous est annoncé une accentuation des contrastes de pluviométrie : des épisodes pluvieux plus intenses, des périodes de sécheresse plus longues, …

Indice de Huglin Hérault

                                    Source : Climat et viticulture – Revue Française d’Œnologie Numéro 219

Il apparaît de plus en plus vraisemblable dans notre région méditerranéenne que le cycle végétatif de la vigne soit à l’avenir scindé en périodes de forts développements végétatifs, entrecoupé de périodes de forts ralentissements (globalement un printemps et un automne propice à de forts développements végétatifs d’une part, et un été de ralentissement physiologique violent d’autre part). Et le mildiou dans cette affaire ? Il nous faudra évidemment tirer les enseignements de cette année 2018 si particulière et nous adapter à des conditions à la fois très humides et chaudes pouvant se reproduire maintenant à intervalle plus régulier.

Ensuite en terme de protection phytosanitaire, nous devons d’abord nous interroger sur l’opportunité d’une réduction réglementaire de l’usage du cuivre, notamment en agriculture biologique. Tout en reconnaissant la pollution directe des sols que cet usage induit, il faut également admettre que c’est actuellement la seule protection sérieuse contre le mildiou en situation de forte pression (et tout de même bien fragile, l’année 2018 nous l’a démontré).

Mais il y a aussi les cépages résistants. C’est à ce jour une opportunité réelle, concrète et en place. Les cépages existent, ils ont été testés, cultivés, vinifiés, dégustés. Nous devons collectivement accélérer leur mise en place dans les vignobles. À chacun ensuite d’en faire un bon usage. Cette solution technique, quand bien même certains ne souhaiteraient pas l’utiliser, ne doit pas être freinée pour les autres. Nous-mêmes, œnologues conseil, devrons apprendre à en faire un bon usage œnologique, éclairé, raisonnable, valorisable.

En attendant de trouver des réponses simples à ces questions complexes, nos préoccupations vont aller crescendo avec les premières véraisons qui s’annoncent…

Véraison syrah

Véraison d’une syrah dans les Costières de Nîmes

A. DELOIRE, J.-L. TONDUT, F. LAGET – Climat et Viticulture : Évolution des températures sur le département de l’Hérault, un exemple de réchauffement climatique – Revue Française d’Œnologie numéro 219, http://www.e-viticlimate.eu/docs/Climat_et_viticulture_Evolution_des_temperatures_sur_le_departement_de_Herault_exemple_de_rechauffement_climatique.pdf